Octobre 2007 Balade en Mongolie Interne part 1
Son nom lui vient de sa forte turbidité (Terme un peu technique que nous utilisons tous les jours dans notre métier et qui désigne les particules en suspension dans l’eau),car il charrie de grandes quantités d'alluvions (lœss, limons) qui fertilisent la grande plaine du Nord de la Chine dans laquelle nous nous trouvons. Son nom est loin d’être usurpé. La photo ci-dessus est assez explicite je pense, n’est-ce pas ? Quand à la suivante, on doit avouer que la végétation y est luxuriante. C’est l’endroit idéal pour une petite pause technique.
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En tibétain, il se nomme rMa-chu, « le Fleuve du Paon ».
Le fleuve prend sa source dans les monts Kunlun (province du Qinghai) et se dirige vers l'est à travers le plateau tibétain dans lequel il a creusé de profondes gorges. Il traverse Lanzhou (province du Gansu), parcourt une vaste boucle dans le plateau désertique de l'Ordos ou nous passerons deux jours plus tard, en Mongolie-Intérieure.
Il traverse notamment Kaifeng, Wuhai, Baotou (une de nos villes étapes), Jinan (capitale du Shandong) et se jette finalement dans le golfe du Bohai. Le Huang He est réputé pour ses crues désastreuses, au cours desquels il a plusieurs fois changé de cours, avec un parcours alternatif beaucoup plus méridional passant par le lac Hongze. Depuis le milieu des années 1980, le niveau de pollution du Huang He a été multiplié par deux, il s’agit là de chiffre officiels…
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A 14h30 c’est largement le temps de déjeuner. La traversée du premier vrai bourg tombe à point nommé.
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Cet endroit est typiquement chinois. Il est vrai que loin de Pékin, Shanghai et autres grandes agglomérations, la Chine se résume souvent en de vastes étendues de terre clairsemées, de villages aux routes poussiéreuses souvent réduit à deux rangées de bâtisses de briques, quelques « restaurants » pour ne pas dire gargottes et bien sûr ses marchand ambulants, ses odeurs de charbon son flot ininterrompu de camions pétaradants.
Les habitants nous regardent éberlués. On ne peut pas vraiment passer inapperçu!
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Tant d’étrangers (long-nez) d’un seul coup ? Mais c’est une invasion. Il y a peut être de l’or dans les environs ou bien quelques vestiges prêt à être pillés ! Il doit bien y avoir une raison à cela. On ne vient pas dans le cas pour le plaisir, en général. Ils doivent être perdus! Non, rassurez vous, on vient pour la mise à jour du guide Du Chemin; l'année prochaine, on célèbre le rat, alors on vient vérifier sur place. On ne veut pas mettre une étoile à n'importe qui!
Il ne faut surtout pas les perdre du regard. On ne sait jamais. Ils vont peut être enlever nos enfants et nos femmes, saccager nos champs, égorger nos chèvres, s’approprier nos richesses... les réserves de Baijiu difficilement accumulées et préservées au prix de sacrifices humains et autres guerres de clans...
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Du riz, des tomates aux œufs, un peu de bière, du gonbaojiding, de la viande et quelques légumes verts, l’affaire est entendue.
Trois-quarts d’heure plus tard nous sommes repus. Prêt à visiter les alentours avant de reprendre la route. Soudain une visite. Un chinois s'approche, peut être le chef du village. Les badauds s’écartent et laissent entrer l’émissaire dans le restaurant.
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Ses gestes sont lents, précis, seul son œil vitreux caché derrière ses lunettes de soleil le trahi. Quoi qu’il en soit il force le respect de tous. Ce doit être l’un de ces chefs tribal si respecté loin de la ville.
Un petit coup d’œil à l’extérieur et tout devient clair. La pression retombe. C’est l’Ami Rizcoré. Tout coïncide : " Le soleil vient de se lever, encore une belle journée, il va bientôt arriver, l'ami Rizcoré. Il vient toujours au bon moment, avec ses pains et ses croissants, l'ami du petit déjeuner, l'ami Rizcoré. Il choisit toujours la bonne heure, celle où on chante tous en cœur, l'ami du petit déjeuner, l'ami Rizcoré ".
Vous le connaissez déjà! Je vous en ai déjà parlé dans la page de blog précédante. Vous vous souvenez?p
En effet le véhicule qui trône devant le restaurant et arborant fièrement sa photo c’est un Mian Bao Che 面包车 la voiture “petit pain” bon sang, mais c’est bien sur!!!
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Par contre ici il n’y a pas de chicoré. Il n’y a que du riz. Alors en suivant la recette ancestrale de monsieur Nestlé, on obtient le Rizcoré (Abréviation de riz et de coloré). Une boisson produite localement. Son secret de fabrication est conservé jalousement sur un parchemin plié en huit, soigneusement rangé dans une enveloppe préaffranchie au tarif lent, en poste restante à l’attention du receveur des Postes et Télégrammes, dans une petite bourgade des Cotes d’Armor ; fermée à double tours dans une petite cassette blanche et rose « Hello Kitty » puis emballée dans du papier kraft recyclable et un sachet pastique Leclerc, lesté à l’aide de pavés parallélépipédiques suivant la technique vue dans « C’est arrivé près de chez vous » plus connu sous le nom de Technique du Petit Gregory enfin jeté négligemment dans le puits au fond du jardin.
Une fois le riz récolté, le bon grain, séparé de l’ivraie, est porté à ébullition pendant 3 jours avec divers extrait de Ginseng de synthèse, du sucre raffiné, mélanger à du saccharose, une rasade d’alcool pharmaceutique, un conservateur E227 Sulphite acide de calcium, divers antioxydants à base de Gallate d’octyle de type E311 et quelques colorants blancs, car à ce stade c’est plutôt orange-marron et franchement imbuvable. Le tout est ensuite filtré dans un vieux linge de maison puis versé encore chaud (et c’est la que réside le secret) dans de grandes jarres de terre cuite, surveillées par des enfants en bas âges pour éviter tout risque de fuite. Ce breuvage apprécié des esthètes et autres dilettantes répond au doux nom de Baijiu.
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Au moindre mouvement de notre part, la garde pré-pubère se met en branle et rejoint ses quartiers. (Au vu du comité restreint constituant le cercle des lecteurs de mon blog, je peux me permettre des écarts de style douteux. Vous remarquerez en passant que je n’ai pas la prétention d’écrire « le cercle de mes lecteurs » !)
Voici donc l’un de ces sanctuaires dans lesquels vieillissent en fut de Terre cuite verni ce nectar chinois et sa garde rapprochée. Impossible de s'en approcher.
Il est fort à parier que monsieur Rizcoré soit le notable du village, à la fois maire, shérif, banquier, barman. Certainement un éminent membre du parti??
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Les villageois réalisant que le Rizcore ne nous intéresse pas, la tension redescend. Nous voici libre de nos mouvements. Nous en profitons donc pour faire le plein de la voiture.
Après tout nous sommes peut être tout simplement devenus un peu paranoïaque. C'est facile de s'égarer dans des suputations hasardeuses lorsque l'on ne connait pas le dialecte local.
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Je pense qu'avec nos dégaines, nos visages diformes, notre drôle de couleur de peau et nos poils partout sur les bras et le visage... ils ne sont pes prêt de nous oublier. On a l'habitude de se moquer des touristes japonais avec leurs appareils photos en bandouillère, mais là on ne fait pas mieux. Côté style et équipement, on tient la distance.rC'est un peu comme si le cirque c'était arrêté quelques minutes dans le village.
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Ils ont quand même une bonne tête ces villageoise !! On passe voir le maréchal ferrant, on salut le bougnat et son comparse le charbonnier. Le cordonnier ambulant qui fait aussi office d'adoubour nous souri. L'anseuse de pots nous laisse la place. Ca change de la Creuse, de l'Auvergne et de la Picardie...
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