Ici c'est pas des vacances, ni du cyclotourisme!
Devant l’insistance de l’assistance publique et de mes fidèles lecteurs, je vais m’entretenir avec vous, une fois n’est pas coutume, de mon train-train quotidien.
Il est vrai que je suis venu en Chine pour travailler, consciencieusement, sans compter mes heures, fallut-il aussi que je travaille le week-end. Donc après 40 jours de traversée du désert (faites le calcul si vous voulez 29 février arrivée à Beijing, 8 avril retour à Weinan) je sors enfin de ma réserve, où j’étais confiné à des fins de sevrage, pour intégrer mon nouvel appartement et donc commencer mon acclimatation dans la vraie vie chinoise.
Hors mis quelques accidents de parcours (Week-ends et déplacements) mes journées peuvent se résumer ainsi : Boulot, Recherche d’un restaurant encore ouvert, Balade digestive, Dodo.
En ce qui concerne la recherche de restaurants, pas la peine de s’étendre sur le sujet. C’est une préoccupation récurrente dans mon blog.
Les déplacements:
Ici c’est la campagne, il n’y a pas de métro. N’ayant pas encore investi dans un vélo, je me déplace en taxi ou à pied. Tant que je résidais à l’hôtel (2,5 Km) pour me rendre au bureau je prenais le taxi : une fiche avec les indications de base en pinyin : tout droit, c’est à droite, c’est à gauche, on est arrivé... ou bien le nom de l’hôtel, l’adresse du bureau… l’affaire est dans le sac. Le prix de la course est modique, 3RMB de prise en charge à Weinan (5 RMB à Xi’an et Baoji, 10RMB à Beijing), les 2,5Km de l’hôtel au bureau sont facturés 4,5RMB soit 0,5Euros.
Maintenant, je ne suis plus qu’à 1.3 Km du bureau donc 15 minutes de marche et c’est bouclé.
Par contre si je veux diner, je n’ai pas trop le choix, direction le centre ville en taxi s’il n’est pas trop tard, sinon retour à l’appartement à pied.
La journée de travail des chinois se termine normalement à 17h30 voire 18h00. Il devient donc difficile de trouver un restaurant ouvert après 19h30 ; à 20h30 c’est une mission quasi impossible.
Donc je compte acheter un vélo avec le petit panier devant et un klaxon ! Ceci me facilitera grandement la vie, surtout pour faire de petites courses au centre ville. Je prendrai des options : éclairage avant et arrière, car ici les vélos n’ont pas de dynamo, ni catadioptre. J’ai repéré plusieurs modèles, y compris des vélos hybrides disposant d’une batterie. Mon choix se porte plutôt vers un modèle classique, plus exactement Le Modèle Classique, la quintessence du vélocipède chinois, j’ai nommé le « Flying Pigeon » Feige. Robuste, discret, à l’instar des Buicks on trouve des pièces de rechange partout (d’ailleurs la prochaine fois je vous parlerai des vélos chinois et des réparateurs de vélos.), il fait couleur locale, c’est le modèle qu’il me faut. Vous l'avez déjà vu, c'est celui du capilliculteur mobilis, celui qui attendait ses clients!
Lorsqu’il est trop tard, comme hier, retour à l’appartement, au menu pâtes chinoises lyophilisées. Pas très original je sais, mais je fais avec les moyens du bord.
L’appartement :
Atteint du travaillite aigüe, chronique et compulsive, je suis rarement à l’appartement avant la tombée de la nuit. Mes week-ends sont pris par le travail, je n’ai pas encore pris le temps de faire des photos. Promis, dès que j’en ai, je les mets sur le blog. Cela ne m’empêche pas de vous décrire brièvement la chose.
L’appartement se situe dans une petite résidence d’une douzaine de bâtiments, construite fin 2005 dans un pur style fin Jiang Zemin début Hu Jintao. Il y a encore des travaux dans certains appartements ce qui occasionne des coupures d’eau et des bruits de marteau intempestifs, mais globalement c’est assez calme. En arrivant dans la résidence, après avoir emprunté un chemin bordé de statues et de jeux pour enfants, on tombe sur un poste de garde (C’est le coté Jiang Zemin je crois ?). Une fois entré, sur la gauche il y a un coiffeur (je n’ai pas encore essayé les capilliculteurs chinois, mais cela ne devrait pas tarder, pour le moment je repère, je sélectionne), un pressing (il faut compter 70 RMB soit 7,5 Euros, pour 9 chemises, un costume 2 pièces, un costume 3 pièces et deux pantalons) et une petite épicerie. 150 m plus loin, bâtiment 9, rez-de-chaussée, porte de gauche, c’est mon appartement : 100m2 double exposition, calme et lumineux.
Entrée dans le séjour, directement. Grande fenêtre, deux canapés. Au gauche une pièce faisant office de salle à manger avec Frigo, table et chaises, suivie de la cuisine, sommairement équipée. Au fond accès aux deux chambres dont une avec la buanderie (reconnaissable à sa machine à laver chinoise, c’est à dire lavage à l’eau froide) et placard. Entre les deux chambres, la salle de douche. Le dessin n’est pas à l’échelle, c’est juste pour vous aider à situer. J’insérerai des photos dans cette page plus tard.
Dimanche profitant d’un déplacement sur Xi’an, j’ai acheté des assiettes, couverts, verres, et quelques ustensiles de base pour un Fa Guo Ren (Français) (人 Ren Homme Cf. Note de bas de page), le vendeur pensait que je voulais ouvrir un restaurant.
Il va falloir que j’achète un four, des plats, des poêles et des casseroles. Il me faut aussi trouver de quoi laver le sol, car avec le sable et la poussière, c’est un combat de tous les jours (Cf. Sisyphe, Tantale, Ixion, les Danaïdes et autres balayeurs chinois, que l’on peut désormais classer parmi les familles maudites.)
Ceci dit en passant si vous avez le temps et un trou de mémoire concernant les personnages précités, ce petit site de 8 pages est plutôt bien fait :
Impossible pour le moment de trouver un torchon ou une serpillière digne de ce nom, de toute façon l’eau ici a une petite odeur de sulfure d’hydrogène, pour faire le ménage ou laver le linge ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable ! Je ne vais quand même pas tout laver à l’eau minérale. J’espère que l’entreprise qui a en charge la distribution d’eau dans le secteur va vite remédier à cela. Au besoin j’enverrai un courrier !
Je n’ai pas encore les commodités usuelles en France : Télévision, Téléphone, Internet…mais ce ne saurait tarder. Je viens en effet de m’acquitter cet après midi de la redevance internet pour un an. L’installateur devrait passer d’ici peu à l’appartement et je serai enfin relié à la toile. Les soirées me sembleront moins longues.
Alors parlons un peu boulot:
L’office se situe à 3km du centre ville et 1,3km de ma résidence, au 8eme étage du bâtiment de la Poste Municipale. Je viens donc à pied en partant à 8h15 de chez moi pour arriver à la demie.
En ce qui concerne le travail, il se divise en deux catégories:
le travail de contrôleur financier au bureau, entendu au sens large, ce qui inclut de par ma curiosité naturelle et la volonté de m’impliquer dans le projet, les visites de puits, d’usines, les déplacements sur les différents sites de référence (Baoji…),
les « Public Relation » avec la ville et les partenaires économiques ; généralement des déjeuners, des dîners, quelque soit le jour de la semaine, mais aussi des visites culturelles le week-end, les conférences (en chinois bien sûr, ce qui fait un peu potiche…).
Pour me faciliter les choses je dispose des clefs du bureau. Ainsi si je souhaite rester plus tard pour finir un document, relire un contrat, vérifier l’application des procédures de contrôle interne ou l’application des directives des auditeurs, préparer les rapports mensuels…pas de problème. Avant-hier ayant beaucoup de travail comme de coutume (essayer de retrouver et comprendre les erreurs dans la comptabilité chinoise n’est pas une mince affaire) je suis resté longtemps après l’heure officielle de fin de service (17h30) et ai donc fermé l’office. Hier soir même topo, une fois mon labeur terminé désirant regagner mes pénates, je suis sorti de mon bureau pour faire mon petit tour d’inspection avant de partir : fermer les portes, les lumières et mettre le cadenas. Là, j’ai trouvé les lumières déjà éteintes. Je me suis retrouvé enfermé, le cadenas verrouillé de l’extérieur. Bon, un coup de fil et 45 minutes plus tard mes collègues sont venus me libérer.
Ca m’apprendra à faire des heures sup.
Finalement le plus fatigant, c’est la partie « Public Relation », elle nous tombe dessus quand on ne s’y attend pas et généralement quand on ne souhaite qu’une chose : rentrer se reposer.
9 fois sur 10 il y a un restaurant. Lorsque ça nous tombe dessus au dernier moment, par exemple le vendredi après midi pour le week-end suivant, c’est plutôt : Voiture-resto-voiture-visite-voiture-resto-voiture-hôtel dodo-voiture-visite-voiture-resto-voiture-visite-voiture-resto-voiture et souvent entre 400 et 500 Km de trajets dans le week-end sur des routes plus ou moins goudronnées.
Quoi qu’il en soit il y a toujours plusieurs chauffeurs, ce qui signifie qu’il y a toujours de l’alcool pendant le repas : Pijiu les jours de chance, Baijiu les autres.
Je ne suis pas un cas isolé, lors de mon déplacement à Baoji, la semaine dernière, j’ai demandé à mes collègues Français s’ils étaient confrontés aux mêmes problèmes, la réponse a été affirmative. Il y avait là des personnes de Baoji, d’Urumqi et d’autres provinces reculées de la Chine profonde, pourtant toujours le même son de cloche. J’ai même rencontré un anglais et une américaine, prof d’anglais au collège de Weinan, lors d’un « dîner » que je prenais tout seul au KFC du fait de l’heure tardive (seul « resto » ouvert après 22h30), au bout de 3 minutes de bavardage ils m’ont demandé si j’avais une technique pour ne pas être obligé de boire lors des repas avec les Chinois. Éloquent, non ?
Il semblerait que cela vienne du fait qu’à la campagne il n’y a rien d’autre à faire. En plus, la relation de confiance entre deux personnes transparait pour les chinois dans la façon de boire. Si l’on ne finit pas son verre, lorsque l’on boit avec quelqu’un, alors celui-ci ne vous accordera pas sa confiance ; c’est la première chose que m’a appris mon assistante-interprète.
Heureusement on mange aussi pendant ces repas et même très bien. S’il n’y a pas de Baijiu à table c’est même très agréable !
Je mettrai prochainement quelques photos de plats que j’ai dégustés ces deux dernières semaines : des Nouilles de Weinan, des Raviolis de Xi’an, de l’Ane de Baoji, de la soupe de Tortue…
Avec tout cela pour garder la ligne, je m’astreins à une discipline stricte. Je fais au moins 12 km de marche tous les soirs. Le centre ville est à 5,5Km de mon appartement, donc entre l’aller-retour et une petite balade sur place le compte est bon.
Pour le moment je n’ai pas pris le moindre kilogramme, malgré un week-end jalonné de copieux repas. Samedi soir il y avait pas moins de 15 plats pour 4 personnes !
J’espère que le week-end prochain je pourrai passer un peu de temps à l’appartement pour faire du ménage, des courses et quelques photos… Il semblerait que notre partenaire ait déjà organisé une sortie pour tout le week-end ! (…)
Lors des démarrages de projets il est usuel, pour le staff encadrant tout au moins, de ne pas prendre de congés la première année et même de travailler le week-end, je sais donc a quoi m’en tenir ! Je prends donc ces sorties du bon coté.
Du 1er au 8 mai prochain il y aura une semaine de congés en Chine. Il semble que Hong Kong ne soit pas concerné. Je suis censé leur envoyer des liasses le 9 mai. Sachant que les données ne seront pas disponibles avant le 30 avril au soir et qu’il y a beaucoup de retraitements (ce mois-ci ça nous a pris 7 jours non stop), ça veut dire : pas de vacances pour les braves.
En définitive je pense que vous comprendrez aisément que les propos que je relate dans mon blog reflètent assez justement la vie au quotidien : rencontres impromptues, scènes ordinaires de la vie quotidienne, expériences culinaires et sorties laborieuses (au sens premier du terme) Je ne suis pas venu en touriste visiter les splendeurs de l’empire du milieu, mais pour participer à un démarrage de projet. Pour le moment étant seul, je suis plus flexible et arrangeant. Il devrait en être tout autrement quand je serai de retour à Pékin. Bien évidement, je ne me plains pas, je suis venu ici pour travailler, alors il faut respecter les usages et les règles du jeu, fussent-elles absurdes ou absconses!
Chose promise, chose due !
Comme vous l’avez compris, quasiment toutes les photos que je mets sur mon blog sont prises soit depuis le bureau, soit pendant un trajet entre l’hôtel (ou l’appart) et le bureau, soit à l’occasion d’un déplacement professionnel. 
Celles qui suivent ne dérogent pas à la règle. Une partie d’entre elles (vues du sol) ont été prises depuis le parking de l’entreprise, l’autre partie (les photos aériennes) depuis le huitième étage, celui du bureau. Comme vous l’avez compris je ne m’amuse pas à m’introduire clandestinement dans les bâtiments publics, l’office est tout simplement installé au huitième étage de la tour postale de Weinan. Ce qui tombe plutôt bien.
Il y a deux principales tournées quotidiennes, la première avec un rassemblement à 8h30 pour un départ à 9h00, la seconde à 13h30 départ 14h00.
Ces deux séries de photos ont été prises le 25 mars et le 31 mars 2006. Elles reflètent bien la mentalité chinoise, en matière de respect de la hiérarchie, du contrôle, de la ponctualité. Il s’agit en tout état de cause de la partie émergée de l’Iceberg au sein de grandes entreprises nationales. Je pourrais a contrario vous montrer des photos de collègues dormant devant leur ordinateur, mais ca pourrait être mal vu et nuire à la qualité de mes relations de travail. Dans ce cas mieux vaut s’abstenir.
En tout cas l’exemple est édifiant et je ne suis pas certain que l’on puisse le reproduire en France.
Quelque soit le temps (le 31 mars à 13h30 il faisant 28ºC à l’ombre) le rituel est immuable.
Tout le monde est là, prêt, quasiment au garde-à-vous 30 minutes avant le départ, pour l’inspection du matériel et des tenues. (Même au bureau nous avons des uniformes, dans quelques jours nous y apposerons le nouveau logo de la Joint Venture).
En pole position le lièvre, sur sa moto, attendant le signal du départ de la tournée.
La première ligne, occupée certainement par les plus méritants se distingue par la présence de vélos hybrides, mus alternativement par des forces gastrocnémiennes et électriques. Ensuite viennent les montures classiques, 100% gastrocnémino-mécaniques.
Le signal tant attendu est donné, le lièvre part,
suivi par la horde de péripatéticiennes disciplinées. Le rang reste formé, pas de fausse note.
On s'active un peu!
Une fois la grille passée, les fidèles destriers sont chevauchés, le peloton se disperse, la tournée peut commencer.
Gare aux retardataires ! L’heure c’est l’heure ! Celle-là ne sera certainement pas en première ligne lors de la prochaine tournée !
Bis repetitas, vu d'en haut:
re garde-à-vous 30 minutes avant le départ, pour l’inspection du matériel !
Toujours le lièvre. Seul en selle!
C'est beau la discipline!
Du grand art!
C'est parti. Qui dit mieux?
A Saint-Brieuc, c'est comment? Et à Paris alors?
Je demande à voir la tournée de 14h00 en plein mois de juillet ! Le 31 mars il fait déjà 28 ºC et mes collègues chinois font la sieste ! Ce qui est rassurant en Chine, c’est qu’il n’y a pas de canicule. En France, les nuages radioactifs s’arrêtent exactement à l’aplomb de la frontière allemande, ici le thermomètre s’arrête à 39 ºC. A 40 ºC les chinois sont dispensés de venir travailler, alors comme par miracle et très officiellement il ne fait jamais plus de 39 ºC. C’est quand même une bonne nouvelle.
Allez au revoir.
Vous avez repéré les "Flying Pigeons"? Pour des facteurs Chinois, c'est l'équipement de base!!
PS : N’ayant pas accès au blog depuis la Chine, je ne peux pas répondre aux commentaires autrement que par un post.
Donc 大 Da prononcé Ta signifie Grand. A ne pas confondre avec 人 Ren prononcé Gène qui veut dire Homme et par extension 人人 qui veut dire Foule CQFD. PS 2: Pour répondre à Papa et Tonton Louis: J'aurais dû écrire :
- Le bureau se situe à 3km du centre ville et 1,3km de ma résidence.
- Les commerces du centre ville (épicerie, supermarché...) sont à 5,5Km de mon appartement"
PS 3: Pour ceux d'entre vous qui ne visualisent pas le "Er - Lio" je sais qu'il y en a, je vous apprendrai prochainement photos à l'appui, comment comptent les Chinois à l'aide d'une seule main.
PS 4: J'aimerais bien passer les fetes de Pacques en Bretagne avec toute la famille, j'en profiterais pour faire l'inspection des tenues des facteurs briochins.
PS 5: Message personnel : Bon anniversaire à Tata Christine dont je ne devoilerai pas l'age! Bisous à toute le tribu.
Tout ça pour dire que je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à mon blog en ce moment. Outre les journées de travail normales, il y a aussi les visites nocturnes de puits et de réservoirs jusque deux ou trois heures du matin, les dîners avec les partenaires de la ville. Cette semaine, cerise sur le gâteau, il y a eu répétition d’une performance avec mes trois collègues Français. Tout à l’heure, nous chanterons en Chinois lors d’une soirée en l’honneur du joli mois de mai, dans le théâtre de la ville. Nous passons en 7ème position sur 18, il y a une diffusion en direct sur la chaine régionale et quatre rediffusions la semaine prochaine. 
A cette époque on n’utilisait pas de pigeons voyageurs, les facteurs couraient en tenu de combat, sandales aux pieds et ce n’est pas avec sa solde d’approximativement une TETROBOLE (4 oboles) et une TRIHEMITETARTEMORION (3/8 obole) que le pauvre Philipides pouvait investir dans un « Flying Pigeon » fusse-t-il fabriqué en Chine et livré gracieusement dans la banlieue sud de Marathon par un déménageur chinois zélé (comme Hermès le facteur des Dieux de l’Olympe, lui aussi z’ailé aux pieds. 
Photo 1
Ce n'est pas un appartement témoin. Il m'arrive même d'y manger. La cuisine laisse à désirer, mais il faut faire avec!
